Le martyre de saint Kynwyl (LudOcéan, 27 avril 2024, Clohars-Carnoët)

Un an a passé depuis l'arrivée de Kynwyl à l'embouchure de la Loire, le pillage du village côtier de Camolinos par des aventuriers bretons et la reprise du village par les Francs de Sigmer.

Le printemps est de retour. Les villageois tentent tant bien que mal de reconstituer un cheptel ; Sigmer, qui a perdu le pagus qu'il avait pris à Broccius, a entrepris de renforcer considérablement les défenses du village, en créant tout autour, des remparts semblables à ceux du fort, et en érigeant des tours de guet.
Pour l'heure l'ouvrage est rendu à la moitié.

Il a formé quelques autochtones pour en faire des miliciens, de sorte à renforcer ses effectifs en cas de nouvelle attaque. Mais il n'ignore pas que certains villageois préfèreraient vivre sous la gouverne d'un chef de leur propre peuple, plutôt que sous la férule d'étrangers. Il se méfie également de Mino, la vieille gardienne des traditions anciennes.

Quant au père Kynwyl, il a embauché un maître d'oeuvre afin de l'aider à élever un prieuré digne de ce nom dans les bois au nord de Camolinos, sur le site d'un temple ruiné.

Le maître d'oeuvre a mis les moines à l'ouvrage afin de trier les pierres qui pourront resservir. C'est également lui qui œuvre pour Sigmer à la fortification du village.
Et Kynwyl continue à recueillir les traditions païennes toujours pratiquées dans la région, et à voir comment les adapter « en douceur » à la Vraie Foi.


Pendant ce temps, à Portus Namnetum (Nantes) :

Broccius, qui est rentré en possession de son pagus, a étendu son influence dans la ville portuaire ; il semblerait qu'après la mort de son cousin lors de la nuit du géant, il se soit efforcé de consoler sa veuve. Toujours est-il qu'il commence à se tailler une place dans la cité.

Il cherche entre autres à promouvoir un autre de ses cousins comme évêque de Portus Namnetum, ce qui implique... de se débarrasser de l'évêque en place, Nonnechius. Pour ce faire, Broccius a recours aux services de Sandulf le Goth. Il a logé ce dernier avec sa troupe dans une villa désaffectée proche de la cité, et lui demande régulièrement de petits « services ».

Broccius confie à Sandulf la mission suivante : sachant que l'évêque doit partir avec une bonne escorte vers l'embouchure de la Loire afin de visiter les populations locales, Sandulf devra l'éliminer le plus proprement possible, et bien sûr sans que l'on sache qui est le commanditaire de cette opération.


Un peu plus à l'ouest :

Sur la ville de Uuenrann (Guérande), règne Dyonisius, chef de guerre local, élu par la population comme responsable politique et militaire de la ville.

Broccius, toujours soucieux de forger de belles alliances, avait promis sa fille à Dyonisius. Mais comme vous le savez déjà, la gourgandine avait préféré s'enfuir avec un aventurier breton (Quelle drôle d'idée).
De toute façon Dyonisius se méfie de Broccius, qu'il considère comme un arriviste. Il n'ignore pas que Broccius cherche à s'emparer de Camolinos (le village tenu par les Francs), ce qui lui permettrait d'étendre ses possessions quasiment de Portus Namnetum à l'estuaire, et lui donnerait un avantage stratégique important.
Il n'est pas question de le laisser faire. Aussi Dyonisius a-t-il décidé de tenter de reprendre le village des mains des Francs, avant que Broccius ne s'en mêle. Il a monté pour ce faire une troupe qui attaquera en partie par la terre, et en partie par mer.

Il a également pris contact secrètement avec la population gallo-romaine du village. Un jeune paysan, Grannios, membre de la milice, a assuré qu'il préférait voir un « Gaulois » régner sur Camolinos plutôt que d'être sous la coupe des Francs, et qu'il allait oeuvrer pour ranger la population à cet avis.

Voilà, vous avez tout suivi ? Pas de question ?

Alors... ACTION !!!

Petit matin. Pour l'heure tout semble paisible aussi bien à Camolinos, que sur le chantier des moines. On travaille, on mène les troupeaux, on chasse...

Mais voici qu'une importante troupe arrive de l'est. Il s'agit de l'évêque Nonnechius, qui a entrepris de visiter ses ouailles... et surtout de rencontrer Kynwyl, dont il a déjà pas mal entendu parler.
Certes un moine qui arrive de Galles pour évangéliser les populations rurales, ça force le respect ; mais on raconte qu'il aurait contribué à placer les Francs à Camolinos... et puis ses méthodes et son interprétation du dogme semblent un peu fantaisistes.
L'évêque cherche donc à rencontrer Kynwyl pour tirer les choses au clair, et le cas échéant, le remettre dans le droit chemin.

Nonnechius est escorté par une belle troupe de cavaliers, et suivi par son bagage, mené par un esclave noir et gardé par quatre lanciarii (piétons légers). A l'approche du prieuré de Kynwyl, Nonnechius accélère la marche, laissant son bagage en arrière.




Mal lui en prend, car les hommes de Sandulf tombent avec violence sur le bagage de l'évêque et ses escorteurs, avant que ceux-ci n'aient quitté le couvert de la forêt. Le carnage n'est donc pas perçu par l'évêque et ses gens. Sandulf élimine toute l'escorte du bagage, et s'en empare.



Nonnechius rencontre Kynwyl. Il se saluent comme il se doit, puis l'évêque entame la discussion sans tarder. Il se sent entre autres troublé par un point de dogme qui aurait été développé par Kynwyl... « l'Ascension de l'épiphanie de la descente d'organes de la Très Sainte Vierge Marie mère de Notre Seigneur... » Hum ! Qu'en est-il au juste ?

Kynwyl, surpris que l'affaire soit remontée en haut lieu, cherche une explication cohérente... mais il n'en a guère le temps, car déjà les Goths et Huns de Sandulf sortent du couvert de la forêt. L'évêque se demande qui sont ces gens, et comment il se fait que son bagage ne soit pas encore visible, bref il perçoit la menace.



La troupe aperçue semble aguerrie et importante, aussi Nonnechius juge plus sage de se replier vers le village fortifié. Il propose à Kynwyl de le prendre en croupe ainsi que ses gens, de sorte à les exfiltrer. Kynwyl, qui comprend que cette offre ne s'adresse qu'à sa personne (ha, la barrière de la langue...) dit qu'il préfère rester près de ses gens, et qu'ils feront le chemin à pied. L'évêque n'insiste pas, et part rapidement vers Camolinos.

Pendant ce temps... Les gens de Dyonisius, arrivant de l'ouest qui par bateau, qui en longeant la côte, entrent en scène. Les marins ont de la chance, le vent leur est pleinement favorable.




Les villageois décident aussitôt de mettre les troupeaux et les biens à l'abri. Quant aux Francs... ils semblent fort défaitistes sur ce coup-là, et entreprennent de prendre leurs jambes à leur cou, sans même emporter de linge de rechange !
Seuls les trois archers francs postés dans la tour de guet ne peuvent prendre la fuite, et se retrouvent coincés.

(La fuite des Francs a été si rapide, qu'elle n'a même pas été immortalisée par une prise de vue).

Les gens de Dyonisius investissent rapidement la place, en passant là où les défenses sont les plus faibles. La population ne leur manifeste pas d'hostilité, sans cependant les soutenir de façon ostentatoire.

Quant à Sandulf... estimant qu'il ne pourra pas rattraper l'évêque (ce qui est probablement une erreur d'estimation, d'autant que l'évêque va se trouver ralenti aux portes du village), il décide de se jeter sur les malheureux moines et ouvriers. Ses piétons vont quant à eux se cacher dans un bosquet à proximité du village.




Les moines se défendent vaillamment, portés par leur foi, et causent un vrai carnage parmi les cavaliers de Sandulf ; mais très vite ils vont succomber face au nombre, et seul Kynwyl se retrouve face au chef goth... qui n'a plus auprès de lui qu'un Hun et son porte-enseigne, tous les autres cavaliers ayant été occis par la résistance désespérée des Gallois




Arrivé à la porte nord du village, l'évêque demande désespérément à ce qu'on lui ouvre... mais personne ne semble l'entendre. Au final, des gens de Dyonisius viennent ouvrir le portail, et l'ecclésiastique peut se réfugier avec sa suite.

Les choses tournent mal pour Kynwyl. L'évêque insiste pour que Dyonisius vienne prêter main forte, mais celui-ci ne semble pas trop pressé. En effet il n'ignore pas que le Gallois a contribué à ce que le village tombe sous la coupe des Francs, donc... il ne considère pas que sa disparition puisse représenter une grosse perte.

Un villageois qui allait aux nouvelles en direction du prieuré est occis par les piétons de Sandulf ; ces derniers rejoignent enfin leur chef, juste quand Kynwyl, frappé d'abord à l'épaule gauche, puis dans le bas du bas de l'abdomen, finit par s'écrouler.




Sandulf commence à mettre sa ruse de Goth à exécution, et décapite tous les moines. Il prend la cape violette d'un de ses hommes tués, pour représenter la cape de l'évêque... et bien lui en prend, car voici que paraît, à l'orée de la forêt, une troupe importante menée par... Broccius !

Ce dernier s'enquiert de la façon dont la mission a été menée. Sandulf, sans se dégonfler, lui explique que tout s'est déroulé à merveille. Il montre le bagage de l'évêque qui a été saisi ; la cape violette maculée de sang ; et les têtes tranchées des moines, en clamant fièrement « C'est l'un de ceux-ci ! ».

Broccius n'a peut-être pas inventé l'eau tiède, mais il doute un peu de l'explication. Que Sandulf ne soit pas capable de lui montrer lequel exactement est l'évêque... et puis le visage de l'évêque est quand même connu, et il ne semble pas le reconnaître parmi les têtes tranchées qu'on lui présente... et puis qu'est devenue l'escorte montée ? « Ho elle est par là-bas, vers le village, massacrée par nos soins ; si vous y allez vous tomberez dessus. »

Après une âpre discussion, Broccius décide de ne donner qu'une part du paiement promis : la négociation avait porté sur 100 deniers d'argent, et 6 têtes de bétail ; et 40 deniers avaient été versés d'avance.

Broccius verse à Sandulf 30 deniers de plus pour un total de 70 ; et dit que le relicat sera versé lorsqu'il aura la certitude de la mort de l'évêque (ce qui devrait se savoir très vite à Portus Namnetum).
Sandulf joue les vexés, et clame que c'est bien la dernière fois qu'il travaille pour Broccius. Puis il ramasse ses cliques et ses claques, et fait mine de passer la nuit dans les cabanes des moines.

Broccius se dirige vers le village, et y demande l'hospitalité pour la nuit. C'est pour tomber nez à nez... avec l'évêque Nonnechius, bien vivant !

Dionysius quant à lui, n'a pas envie de voir la bande armée de Broccius séjourner dans le village. Il offre l'hospitalité à Broccius mais conseille à son escorte de plutôt s'héberger au prieuré... ce qui arrange Broccius, qui les y envoie avec le cheval de bât de l'évêque, les têtes de moines tranchées... en serrant les fesses et espérant que l'évêque n'a rien vu.

Et bien sûr, lorsque les gens de Broccius arrivent au prieuré, c'est pour constater que Sandulf a déjà taillé sa route sans les attendre.

Dyonisius décide de rétablir un pouvoir « romain » dans le village. Il va laisser sur place un intendant, et placer un prêtre avec l'aide de l'évêque, en donnant aux villageois la possibilité de se doter d'un chef choisi parmi eux.
Les trois archers francs restés coincés dans la tour, passent au service de Dionysius bien sûr.

Et c'est ainsi que s'acheva le périple en Gaule de Saint Kynwyl. Mais qui sait, peut-être bien que ses saintes reliques feront bientôt parler de lui à nouveau.


Les joueurs et joueuse :

Kynwyl, ses moines, ses gardes et les bâtisseurs : Patrice
Sandulf et ses cavaliers goths et huns : Nicolas
Sigmer et ses Francs qui courent très vite : Michel
Les villageois de Camolinos : Dominique
Dionysius et sa troupe de Gallo-romains : Denis
L'évêque Nonnechius et sa suite, Broccius et sa troupe, et divers PNJs : votre serviteur

Merci pour tout ce récit.

Les Goths auraient pu préférer attendre que l'évêque ressorte du village, ce qu'il aurait forcément fait après un moment (ou après quelques jours fictifs). Mais il est vrai que son escorte montée en imposait, et que les moines semblaient une proie plus simple, et aussi plus discrète.

Sandulf ne savait pas que Broccius connaissant personnellement l'évêque, ni que les évêques ne portaient pas la tonsure. avec 70 deniers, il ne lui reste plus qu'à se bâtir un empire.

Pour trente deniers Judas a pu s'acheter un champ (Actes des Apôtres, chapitre I, verset 18).
Pour septante deniers, tu vas pouvoir t'en acheter deux, et peut-être quelques moutons ou des sacs de semence, et te mettre à l'agriculture.

Quoique ; en plus de quatre siècles, l'Empire a pu connaître une certaine inflation...

Quoi ??? Acheter ???

Euthanasor a écrit:Quoi ??? Acheter ???

Ah hé ben bien sûr, si on utilise des mots que Sandulf ne connaît pas, c'est pas étonnant qu'il y ait des malentendus...

pas façile la barriere des langues... acheter = prendre...tete= cadeau...compliqué..mais bien vu c'etait sympa.

Aux dernières nouvelles, l'oratoire que Kynwyl et ses gens avaient commencé d'ériger, a été achevé par l'évêque Rhiothamus, sur les lieux mêmes du martyre du saint homme.






Il est à présent question de retrouver les reliques de Kynwyl, pour les emmurer dans l'autel de l'oratoire ; et ceci pourrait bien faire l'objet d'un prochain scénario, voire d'une campagne... (Ha, les quêtes de reliques dans AD&D, que de souvenirs !).

Quoi qu'il en soit : la réalisation du toit octogonal m'a pris pas mal de temps, d'ingéniosité et d'énergie, aussi ai-je décidé de le mouler. Je peux donc fournir à ceux que cela intéresse, une copie certifiée conforme de ce toit, avec un diamètre maximal de 14 cm ; convient de la période romaine à nos jours, aussi bien pour des établissements religieux (clocher, baptistère...), une tour, un pigeonnier seigneurial, un marché couvert... mais uniquement pour des contrées utilisant la tuile canal, bien sûr. Allez, pour les Argadiens inscrits sur le forum, je vendrai à 3 € la pièce. Et bien sûr, je suis ouvert aux propositions d'échanges (Je préfère même cette solution.)

Réalisation en "ciment-pierre". Possibilité également de réaliser un demi-toit (pour couvrir une abside par exemple).

Et bien sûr, utilisable dans les univers fantastiques, puisque comme chacun le sait : "En fantasy, tout est permis".



Si vous êtes intéressés, je prends les commandes... et bientôt je serai à même de vous présenter ma nouvelle série de décors, que je compte commencer à commercialiser dès cet été à la Bourse aux figurines de Kulmbach.

Waôw ! Belle réalisation

Il faut penser à prendre le certificat d'authenticité avec, au vu du nombre de contrefaçons, (il faut bien alimenter les donjons maléfiques).