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Le chouan Ch'ti qui n'aimait pas Napoléon

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SIR JACK

SIR JACK

Une visite rendue à la Maison des chouans qui se trouve à Bignan, dans le Morbihan, m’a permis d’entendre parler d’un chouan … Ch’timi.

Il s’agit de Louis Fruchart. Ce paysan profondément catholique, qui considérait Napoléon 1er comme l’antéchrist,  est né en 1791 à Merville. Une ville située entre Lille et Dunkerque, dans une région qui à l’époque parlait essentiellement flamand (la langue de mes grands-parents maternels).

Le chouan Ch'ti qui n'aimait pas Napoléon Mervil10


Opposé comme beaucoup d’autres aux conscriptions décidées par l’empereur Napoléon, ce gaillard  participe le 22 novembre 1813 à une révolte survenue à Hazebrouck où près de 3000 appelés sous les drapeaux sont sommés de se présenter.
Cette journée va être appelée « stokken maendag ». Traduisez les « bâtons du lundi » en raison des bâtons noueux que les manifestants brandissent et avec lesquels ils frappent le sol.

La sous-préfecture ne tarde pas à être saccagée par ces derniers. Louis Fruchart rassemble alors autour de lui des jeunes gens venus d’Hazebrouck ainsi que 650 déserteurs du régiment d’Arras.
Des troupes sont envoyées de Lille pour mater l’émeute. Les insurgés se réfugient dans une forêt et des marais des environs où ils installent un maquis. Quelques jours plus tard, ils repoussent à Merville un détachement militaire venu les affronter.

Furieux, l’Empereur ordonne au général Boyer d’arrêter et de fusiller les rebelles. Mais ces derniers se dispersent et investissent la région de Bruges et de Courtrai où ils affrontent – toujours avec succès les troupes impériales. Ils se paient même le luxe de distribuer aux « indigents » les grains d’un convoi s’acheminant vers Dunkerque.

Il n’en faut pas plus pour faire de Louis Fruchart une légende. A tel point que le gouvernement russe, qui a pris contact avec lui via des émigrés français, décide de lui envoyer 600 à 1200 volontaires.
Les combats se poursuivent entre les rebelles et les troupes  napoléoniennes, qui battent en retraite. Ce qui amène les Russes, des Polonais et les Saxons d’entrer en Flandre du côté de Bailleul tandis que « Louis XVII » fait sa jonction avec d’autres insurgés venus du Pas-de-Calais et de la Somme.

Le chouan Ch'ti qui n'aimait pas Napoléon Frucha10

Soutenu par un corps de cavalerie légère russe, Louis Fruchart n’arrête de se battre qu’à la chute de l’Empire. Mais il remet le couvert lors des Cent jours et du retour de Napoléon 1er au pouvoir.

Equipés en juin 1815 avec des fusils anglais, les hommes de Fruchart passent sous le commandement du général de Bourmont et du prince de Croÿ-Solre en prenant le nom de « volontaires royaux ». Ils s’emparent de Béthune et menacent Arras.
Une fois Louis XVIII revenu sur son trône, Louis Fruchart est nommé capitaine des gardes royaux et fait chevalier de la Légion d’honneur.

Sa fin de vie sera toutefois moins glorieuse. Renvoyé de l’armée par Louis-Philippe, qui lui reproche son « zèle légitimiste » envers ses prédécesseurs, Louis Fruchart devient journalier agricole, puis ouvrier de brasserie et simple conducteur de charrette. Une dégringolade sociale qui vaudra à ses descendants d’être surnommés les « Ladéroute ».

Le chouan « Louis XVII » a rendu son âme aux ingrats en 1851. Les dernières paroles de ce Calimero nordiste auraient été : « Vingtdediousse, ch’est pô juste ».


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