Paquitosan a écrit:Bonjour à tous,
je suis intéressé par cette bataille, et afin d'en faire un engagement des forces chouano-vendéo-émigrés contre les républicains, je suis à la recherche de l'ordre de bataille de ce dernier.
pouvez vous m'aider ?
Bien volontiers.
Mais d'abord, une première précision. Il n'y avait pas de Vendéens au cours des combats menés lors de l'expédition de Quiberon, mais des chouans bretons. La distinction est importante.
Les restes de l'armée catholique et royale de ce que l'on appelle la Vendée militaire (qui n'intégrait qu'une très petite partie de la Bretagne * rectification, voir plus bas) ) ont en effet été massacrés en 1793 dans les marais de Savenay, à l'Ouest de Nantes. A Quiberon, les régiments émigrés ont par contre été rejoints par des chouans venus de toute la Bretagne.
Pour mémoire, il ne faut pas confondre "Vendéen" et chouan. Le "Vendéen" est un combattant qui a lutté contre les républicains dans les départements essentiellement situés au sud de la Loire. Départements qui ne comprenaient pas que la seule Vendée.
Le phénomène de la chouannerie, lui, concerne plusieurs régions de Bretagne (Morbihan, Ille et Vilaine, Côte d'Armor, peu dans le Finistère), mais aussi l'Anjou et plus au nord la Normandie ainsi que le Maine où il a pris son origine avec les frères Cottereau.
Je résume à très grosses louches bien sûr. Mais disons également que les "Vendéens" ont souvent mené une guerre de batailles rangées. Tandis que la chouannerie a plutôt concerné des combats d'escarmouche. Ce qui n'a pas empêché d'autres affrontements plus importants (la bataille du pont du Loc'h par exemple, en 1800).
Ceci étant rappelé,
l'expédition de Quiberon a connu plusieurs phases que l'on peut résumer de la manière suivante :
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Les premiers combats sont livrés essentiellement par les chouans au nord-ouest (jusque Locoal-Mendon) et au nord (vers Auray) de la presqu'île . Cela, après que les régiments d'émigrés royalistes aient débarqué à Carnac sur la plage de Légenèse et investi le fort de Penthièvre dont la petite garnison a rapidement mis bas les armes. Ces combats sont destinés à repousser les renforts républicains qui affluent vers la presqu'île.
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Viennent ensuite, les deux tentatives de contournement des positions tenues par les républicains .
Après avoir reçu des renforts de toutes parts, ces derniers bloquent en effet l'entrée de la presqu'île de Quiberon dans laquelle les régiments d'émigrés royalistes soutenus par les chouans se sont laissés enfermer.
1) Le 10 juillet, le chevalier de Tinténiac prend la tête d'une force de 3 500 chouans. Ceux-ci embarquent sur des chasse-marées à Saint-Pierre de Quiberon. Cette troupe va débarquer sur la presqu'île de Rhuys, du côté de Sarzeau, au sud-Est de Vannes. Cadoudal fait partie de ces combattants.
La colonne menée par Tinténiac a été surnommée "l'armée rouge". Une partie des chouans ont en effet été équipés avec des fusils er des uniformes de soldats anglais. Tenues bien voyantes dont ils ne tardent pas à se débarrasser.
Ayant reçu un contrordre de la part, semble-t-il, de l’Agence royaliste de Paris, les forces commandées par Tinténiac sont rapidement détournées de leur objectif initial. Elles vont marcher vers le nord, investir la ville de Josselin puis terminer leur périple au château de Coëtlogon, dans les Côtes d'Armor. Surpris par les bleus, Tinténiac y est tué. Ce qui décidera Cadoudal à ramener les chouans vers le Morbihan.
2) Une autre tentative de contournement des lignes républicaines est opérée le 15 juillet, à l'ouest de Quiberon cette fois-ci par des troupes commandées par le chef chouan Jean Jan.
Fortes de 3 200 hommes, ces dernières débarquent entre Concarneau et Pont-Aven. Elles traversent Pont-Aven, se heurtent brièvement à la Garde nationale de Quimperlé, puis elles terminent leur marche au château du marquis de Pont Callec, près de Kernascléden. Huit jours plus tard, elles se débandent.
Ces deux armées n'ont donc pas participé aux combats menés à partir du 16 juillet dans la presqu'île de Quiberon.
Ce que l’on peut appeler « la bataille de Quiberon » a lieu du 16 au 21 juillet. Elle comprend trois grandes parties. 1) L’attaque royaliste du 16 juillet. Bloqués la presqu’île, les blancs cherchent à briser la ligne de défense que les républicains ont établie au niveau du village de Sainte Barbe. Leur assaut échoue cependant.
Une troupe de 800 chouans menée par Vauban tente de prendre les républicains à revers en débarquant à Carnac après avoir été transportée par des canots anglais. Mais les forces auxquelles elle se heurte sont trop importantes. Elle est obligée de rebrousser chemin.
Dans le même temps, plusieurs régiments royalistes – qui ne se sont pas aperçus de cet échec – s’avancent sur les quelques kilomètres de lande qui séparent le fort de Penthièvre du village de Sainte Barbe.
Il y a là Loyal Emigrant en avant-garde et en tirailleurs ; le régiment d’Hervilly (ex-Royal Louis) à gauche, Du Dresnay au centre et Royal Marine (régiment d'Hector) à droite avec des chouans. Ces troupes sont suivies par d’autres chouans.
Les assaillants royalistes sont durement repoussés en arrivant au niveau d’une longue butte de sable érigée par les soldats de Hoche à l'entrée de la presqu'île. Butte au sommet de laquelle sont installés des canons qui leur tirent dessus à mitraille.
Poursuivis par les républicains, les royalistes doivent battre en retraite et se réfugier dans le fort de Penthièvre.
2) La prise du fort de PenthièvreLe comte de Puisaye, commandant les forces royalistes, a commis une lourde erreur. Il a laissé la garde du fort de Penthièvre aux soldats du régiment d’Hervilly. Or celui-ci comprend un grand nombre d'anciens prisonniers républicains ayant été détenus sur les terribles pontons anglais. Prisonniers qui, avant l'expédition de Quiberon, ont été libérés sur parole à condition d’accepter de s’engager dans les troupes royalistes.
Arrivés dans la presqu’île de Quiberon, beaucoup d’entre eux s’empressent de déserter et de rejoindre les troupes de Hoche. Ce qui permet à ce dernier d’être informé sur la manière dont le fort est défendu (même le mot de passe est livré).
Le 17 juillet, une colonne de grenadiers républicains guidée par l’un de ces déserteurs s’avance le long de la côte. Sous une pluie battante, elle marche dans l’eau de mer jusqu'à la taille, puis elle gravit les falaises sur lesquelles la citadelle est installée. Une partie de la garnison est massacrée tandis que le reste retourne sa veste.
Dans le même temps, deux autres colonnes républicaines (dont certains soldats, par ruse, ont revêtu des uniformes de royalistes tués la veille) attaquent le camp retranché qui est installé en contrebas du fort. Les combats sont rudes. Mais le site est repris par les bleus.
3 ) Le reste de la presqu’île investi par les républicainsAu cours des jours qui suivent, trois colonnes républicaines progressent dans le reste de la presqu’île. Celle d’Humbert longe la côte Est et s’empare de l’artillerie royaliste dans le hameau de Kerhostin. Celle de Valleteaux longe la Côte sauvage à l’ouest. Celle de Hoche marche au centre.
Les royalistes commandés par le comte de Sombreuil (qui sera fusillé par la suite à Vannes) livrent leurs derniers combats. Acculés avec de nombreux civils à l’extrémité de la presqu’île, ils finissent par se rendre.
La suite, c'est à dire les fusillades de prisonniers survenues à Quiberon, Auray et Vannes, est une autre histoire
Les effectifs des combattants
Les pemiers chiffres que tu donnes pour les royalistes sont bons (source « 1795, Quiberon ou le destin de la France » par Patrick Huchet , ed. Ouest France)
1° Division : d'Hervilly
- Régiment Royal-Marine (ou d'Hector) [1 bataillon - 700 hommes]
- Régiment d'Hervilly (former Royal-Louis) [2 bataillons - 1318 hommes]
- Régiment Loyal-Emigrants [1/2 bataillon - 200 hommes]
- Régiment du Dresnay [1 bataillon - 560 hommes]
- Artillerie de Rotalier [20 canons - calibre 6 - 566 hommes]
- Engineers [1 compagnie - 18 hommes]
- Hussards de Warren [1 escadrons - 60 hommes]
2° Division : Sombreuil
- Régiment de Périgord [1 bataillon - 150 hommes]
- Régiment de Rohan [1 bataillon - 875 hommes]
- Régiment de Salm [1 bataillon - 150 hommes]
- Régiment de Béon [1 bataillon - 234 hommes]
- Régiment de Damas [1 bataillon - 666 hommes]
Je ne connaissais pas les autres chiffres, qui intègrent diverses troupes de chouans. C'est fort intéressant.
Selon Huchet, qui se fie aux archives départementales militaires, environ 12 000 chouans ont combattu lors des événements de Quiberon (tentatives de diversion de Tinténiac et de Jean Jan comprises)
Pour les républicains, j'ai les effectifs suivants (même source) : Hoche, général en chef
Gobert, chef de l'état-major
Mermet et Simon, adjudants généraux
2 adjoints aux adjudants généraux
2 officiers du génie
2 officiers de guides et 14 guides
Brigade du général Humbert (avant-garde) : 2e bataillon de tirailleurs (358 hommes), 1er bataillon d'infanterie légère de Nante (310 h) , 4e bataillon de l'Orme (250h).
Brigade du général Valleteaux : 2647 h
Brigade du général Lemoine : 2220 h
Brigade du général Meunier : 1311 h
Brigade du général Romand : 1819 h
Brigade du général Drut : 1782 h
Brigade de l'adjudant général Evrard : 1487 h
Artillerie : chef de brigade Deborde, 280 h, 64 pièces de canon.
Il semble aussi qu'il y a eu un peu de cavalerie légère lors de la contre-attaque républicaine du 16 juillet. Chasseurs à cheval si ma mémoire est bonne.
Aucune troupe d'infanterie anglaise n'est effectivement intervenue. Sauf, d'après ce que j'ai lu, pour rétablir un peu d'ordre dans le souk créé par les chouans sur la plage de Légenèse quand des fusils neufs leur ont été distribués. Par contre les vaisseaux et les canonnières des Anglais ont donné. Quitte à ne pas trop faire de distinction entre les combattants parfois.
